mardi 5 mai 2009

Accessoire indispensable à la gestion des masses.


Bonjour !


La semaine passée en Chine a bien sur apporté son lot de dépaysements, surprises, découvertes, étonnements, ébahissements... (j'ai le dictionnaire des synonymes pas loin)

Rien que du classique, on y allait pour cela ! J'ai fait le plein de souvenir, l'appareil photo est toujours en train de refroidir...


Ayant visité des sites incontournables, inoubliables, exceptionnels, extraordinaires (j'ai toujours pas jeté le dictionnaire des synonymes), j'aurais pu commencer par vous abreuver de la sempiternelle image du Guerrier Terracotta de Xi'an, de la tour de l'Horloge, des minorités ethniques Miao à la frontière du Guizhou et du Guangxi, des paysages karstiques de la rivière Li... Oui, j'aurais pu...

Mais vous commencez à comprendre ce que j'aime dans la photo, l'article Pagnolesque du Vietnam vous en a dévoilé un coin. J'apprécie la relecture, dans le huis clos de mon bureau, de photos apparemment banales dont un détail explose soudain et souligne de façon différente une caractéristique du pays visité.

Voici donc une photo dite banale, décevante si vous attendiez avec impatience (je vous comprend) le reportage sur Bingmayong, Yangshuo ou Longji.

Pour moi, par contre, elle éclaire parfaitement un point qui ne peut échapper à tout visiteur de l'Empire du Milieu : Qui visite la Chine ? Qui rempli les bus, les aéroports, les hôtels, les musées, les restaurants ? Les chinois, bien sur !! Le tourisme de masse à l'échelle d'un pays comme la Chine laisse songeur. Le couvercle a sauté, et, sevrés comme ils l'ont été, ils sont avides, curieux et surtout joyeux comme des écoliers en sortie de fin d'année.

Au cours de notre séjour d'une semaine, nous avons été confronté (volontairement et plaisamment confronté) un certain nombre de fois au phénomène du voyage organisé à la chinoise, là ou l'unité de base n'est pas l'individu, ni le groupe d'une ou deux dizaines mais au bas mot la bonne centaine voire le millier... Inimaginable dans notre pays de gaulois râleur et individualiste... Comme une lettre à la poste ici !!


Pourquoi ?!?
Pourquoi ce sentiment de fluidité, de simplicité, dans le bruit et la bonne humeur ?!?

Pas de longue digression sur l'analyse comparative des qualités et défauts intrinsèques de nos deux nations qui font que ce qui est possible ici ne l'est pas là bas et inversement. Je n'ai pas cette prétention, d'autres le font avec beaucoup plus de talent que moi.

Toujours est-il que nos 'incursions' dans le monde étrange de l'excursion furent de vrais bonheurs et je pense avoir découvert une des clefs de ce sentiment... Ceci nous ramène à la photo et au titre de cet article. (enfin me direz vous !)

La réponse est dans l'observation de cette photo, prise dimanche 26 avril sur le site historique des guerriers en terre cuite de Xi'an, Bingmayong, dans l'un des quatre bâtiments (celui qui contient les chariots en bronze). Agrandissez la photo et essayez de comprendre ce que brandit la jeune femme en tailleur gris clair au centre de l'image. Essayez de comprendre comment et pourquoi ce banal accessoire a été détourné de son rôle premier.

Voilà, c'est fait ? Vous le regardez en gros plan, vous avez deviné ce que c'est ?
Un simple parapluie, pas ouvert... Pas ouvert, normal, me direz vous, on est à l'intérieur du bâtiment, il ne va pas se mettre à pleuvoir et, c'est bien connu, cela porte malheur !!
Un parapluie, juste tenu bien haut, délicatement détourné de son usage. Henri IV, là où il est, doit se sentir tout guilleret de voir comment son fameux "ralliez vous à mon panache blanc" est encore abondamment exploité ! Voilà donc le secret de la monstrueuse efficacité du bulldozer que représentent les 700 millions de chinois, et moi, et moi, et moi... Et en plus, depuis la chanson de Dutronc, 1967, y zont quasiment doublés...

Tout guide qui se respecte, reçoit, en même temps que son badge officiel, le symbole de sa profession, l'accessoire sans lequel rien ne serait possible : un drapeau, un oriflamme, un étendard, une bannière, un fanion, un pennon, bref un truc qui permet au troupeau docile de ne pas perdre son cicérone !!!

Ici donc, en l'occurrence, la guide avait du égarer l'attribut de sa fonction et avait avantageusement promu son parapluie au rang majestueux de phare pour foule effarée. (belle allitération, non ? Elle réveille ceux qui dorment au fond de la classe...)

Une fois compris ce manège, rien n'est plus drôle que d'observer deux choses : la variété et la créativité dans la taille, la forme et la couleur de l'étendard d'une part (je me souviens d'un soir où nous suivions fébrilement un pingouin en peluche fluo) et le ballet incessant des tous ces fanions d'autre part. Je suis persuadé que certains touristes, tellement apeurés de se faire engloutir dans ce pays étrange, ont passé leur semaine les yeux fixés sur l'objet de leur réconfort, sans rien voir des merveilles qui les entouraient...

Et pour peu que vous tombiez sur un guide aux belles enjambées, au milieu de tours operator pervers ayant décidés d'avoir le même drapeau que le concurrent (j'en ai vu, tous jaunes, tous triangulaires au Pic de la Beauté Solitaire, Guilin), alors là, on confine au sublime !!!

Jacques Tati n'aurait pas désavoué la scène...






PS : Une variante au drapeau est la fourniture à l'ensemble du groupe de la même casquette rouge flamboyant ou jaune fluo, certaines mamies portant cela avec une rare élégance. Sur cette photo, Bingmayong, avril 2009, c'est le blanc qui prédomine avec un mien lascar qui essaie de jeter le trouble avec son rouge... Le français en voyage est taquin... Si elle avait été jaune, vu de haut, on aurait pu imaginer un oeuf sur le plat !!

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